Histoire du village

Quelle est l’origine du nom de notre village et que s’est-il passé depuis l’implantation de ses premiers habitants ?


Notre Historien, Bernard Premat, nous raconte …
Veyrier-du-Lac s’étire le long des 5 kilomètres de la route départementale D909, entre lac et montagne, suivant une orientation sud-ouest, avec les hameaux aux noms évocateurs d’un passé riche en histoire : Chavoires, Les Pensières, les Champs, la Combe, le Péril, la Ravoire, les Mottes, Morat, Montpellaz, les Guerres…

Le nom de Veyrier viendrait de la villa romaine repérée à Morat, la villa de Variacus ou de Varius. Au cours de l’histoire, Veyrier changera souvent de dénominations. Les plus anciens textes parlent de Verié, Vayri, Veiri, Veyri, Veri ; au XVIIIe siècle Vairier près d’Annecy, voire Vairier en Genevois, avant que le nom ne se stabilise en Veyrier en Genevois, puis définitivement en Veyrier-du-Lac grâce aux vertus orthographiques de la IIIème République. En effet, la dénomination Veyrier-du-Lac a été fixée par décret signé du président de la République Émile Loubet en date du 18 janvier 1901 afin d’éviter les confusions avec Veyrier-sous-Salève.

Ajoutons qu’en patois, « Veri » désigne le versant « le mieux viré » c’est-à-dire celui qui est tourné « à l’adret », vers le soleil.

Cette dernière désignation symbolise bien l’ensoleillement qui fait le charme et la renommée de notre commune dont l’histoire, pour cette raison, s’est longtemps confondue avec celle de son vignoble cultivé dès l’Antiquité.

Ces conditions géographiques et climatiques favorables ont attiré dès la préhistoire et la protohistoire les hommes. La station de Vieugy, au lieu-dit « Sous les Guerres », occupée au Néolithique au sens large et les vestiges de la fin de l’âge de Bronze trouvée dans les grottes du Renard et du Fortin attestent de cette présence humaine sur les rives veyrolaines.

L’histoire proprement dite de Veyrier commence vers 52 après J-C avec l’implantation de la villa romaine Variacus ou de Varius au hameau de Morat, qui faisait partie des terroirs rattachés au vicus gallo-romain de Boutae, situé dans la plaine des Fins. Ce fameux Varius serait donc l’ancêtre éponyme de Veyrier c’est-à-dire celui qui donne son nom à…

Au Moyen Âge la seigneurie de Veyrier relevait de la juridiction du comté de Menthon qui s’étendait de la pierre Margeria à Talloires.

Les Veyrolains dépendaient pour une part de la châtellenie d’Annecy appartenant à la maison comtale de Genève et qui sera acquise en 1402 par le comte de Savoie Amédée VIII. Ils obtinrent en 1455 du duc Louis de Savoie la dispense de travailler aux fortifications d’Annecy. Janus de Savoie, en 1479, les autorisa à naviguer librement sur le lac sans payer de redevance. Ce dernier privilège favorisa le développement du vignoble dans la mesure où le lac, pendant des siècles, sera utilisé uniquement comme voie commerciale pour le transport notamment du vin et des échalas.

La maison forte de Veyrier était le château de la Ruaz. Après avoir appartenu à plusieurs familles nobles, il échut au XVIIIe siècle à Jacques Vincent de la Ruaz, époux de Diane de Valence, héritière des Fésigny, dont il prit le nom et les armes.

La paroisse de Veyrier se trouve citée, pour la première fois, au XIIe siècle, sous le nom de Vaire ou de Veriacum, dans le cartulaire du prieuré de Talloires. L’église paroissiale dédiée à St Maurice fut unie en 1397 à la Collégiale Notre-Dame de Liesse qui y entretenait deux prêtres résidents en qualité de vicaires. Ce chapitre de Notre-Dame perçut les dîmes et servis des paysans-vignerons jusqu’à l’entrée des troupes françaises en Savoie en 1792. De l’ancienne église romane il ne reste que la base du clocher décapité par le conventionnel Albitte en 1794 lorsque la Savoie devenait pour un temps le département du Mont-Blanc. Le clocher fut relevé en 1820 sous la Restauration sarde, puis le reste de l’église qui menaçait ruine fut remplacé en 1852 par l’église actuelle, de style néo-gothique. Elle fut alors la première église du diocèse dans le style ogival. À l’intérieur, on peut admirer une Vierge en bois polychrome du XVe siècle et un tableau baroque de la fin du XVIIe siècle représentant saint François de Sales en orant et saint Vincent martyr, sous la protection de la Vierge à l’Enfant entourée d’angelots.

La richesse de Veyrier provenait essentiellement de ses vignobles, lesquels appartenaient à la noblesse et à la bourgeoisie d’Annecy ainsi qu’à certaines communautés religieuses. La Révolution française transforma la propriété. À la fin du XIXe siècle la crise engendrée par le phylloxéra, l’émiettement du vignoble veyrolain, la diversification de l’agriculture changèrent l’économie du bourg. Le tourisme naissant avec la villégiature, puis le tourisme de masse après la 1ière guerre mondiale marquée par l’édification en 1934 du téléphérique du mont Veyrier, la révolution industrielle vont peu à peu et tout au long de la première partie du XXème siècle faire péricliter la culture de la vigne. 1945 sonnera le glas des gardes vignes.

Mais c’est l’expansion d’Annecy et l’urbanisation croissante des rives du lac qui arrêtèrent net, vers les années 1950-1960, la pratique de la viticulture. Ainsi village de vignerons Veyrier-du-Lac s’est métamorphosé en bourg résidentiel de 2214 citadins, en station touristique avec ses équipements hôteliers et gastronomiques que l’on connaît aujourd’hui.

En bref, c’est bien le soleil et sa proximité d’Annecy qui ont fait la fortune de Veyrier-du-Lac. Il était donc tout à fait naturel qu’au-delà des siècles cette constante de notre village ait pu marquer à ce point le site passant d’une économie rurale à dominante vinicole à la résidence par la médiation du tourisme.

Bernard Premat